vendredi 20 février 2009
optimiste vs pessimiste
lundi 16 février 2009
les hébreux expliqués à Kadir (2/2)
- Bon Kadir. Alors, raconte moi un peu les débuts du peuple hébreux.
- Euh…j’sais pas.
Il était parti pour faire aucun effort, le petit con. Pendant une demie heure, je lui ré expliquai…Abraham, Canaan, Moïse sur le mont Sinaï, la création du Royaume d’Israël. Puis je le testai un peu voir si ce dernier nom propre lui évoquait quelque chose.
- Aujourd’hui, c’est une région en guerre, tu as entendu parler de ce qui se passe là-bas ?
J’avais envie de lui expliquer mon point de vue, mais ce n’était ni judicieux, ni opportun. Et après tout, en petit français, il n’était pas plus concerné qu’un autre…
- non. J’sais pas.
Il était vierge d’a priori. Tant mieux. J’avais eu des échos douteux du papa. Mais en voyant son fils une fois par mois, il avait sans doute autre chose à lui dire qu’à lui ressasser quelconques sermons ou autres discours puants. Il commençait à bien intégrer ce que je lui racontais.
- Alors les dix commandements. Est-ce que tu les connais ? Cites moi en au moins quelque uns…
- Tu voleras pas, tu tueras pas, tu choisiras pas d’autre Dieu que moi, tu piqueras pas la meuf de ton voisin…
- d’accord. Bon ce n’est pas vraiment comme ça qu’il l’a dit, mais l’idée y est. Il a dit tu ne convoiteras pas la femme…
- Ensuite les premiers rois du royaume tu les connais ?
- Jésus. Il me dit. Je repris rapidement la genèse des grandes religions en me sentant obligé d’insister sur l’Islam. Je savais bien que ça n’était pas très républicain comme pédagogie, mais je ne pus m’en empêcher.
Je lui expliquai ensuite le combat de David
- Contre qui Kadir ?
- Gozzilhat. Il me dit.
En me marrant, je lui expliquai qu’aujourd’hui, David contre Goliath était devenu une expression. Là encore, pas très fier de moi, je lui filai la métaphore avec un exemple sur le football, comme si les deux seules choses qu’il soit en mesure de comprendre étaient la baballe et son « islarabité ». Honte à moi.
- C’est comme si Grenoble jouait contre Manchester. Je lui dis. Grenoble se serait David…
De David, il n’en avait cure, il me coupa et répliqua.
- Oui mais bon Manchester y mettrait son équipe B.
- Oui, certainement. Mais est-ce t’as compris l’expression ?
- Oui.
Il était temps de se pencher sur les rites judaïques. Comme lui, les juifs ne mangeaient pas de porc. Il fut surpris de la nouvelle et nota l’information sur son cahier de brouillon. Restait à lui expliquer la circoncision.
- Tu sais ce que ça signifie Kadir ?
- Oui, ils se coupent la bite. Me dit-il tout bas, sourire légèrement honteux.
- Non, pas exactement. Je lui expliquai très brièvement. Il savait très bien.
Nous terminâmes sur l’explication puis la description du temple de Salomon. Avec ce qu’il en restait : le mur des lamentations. Je lui commentai une photo de son bouquin.
- Aujourd’hui les juifs y mettent des papiers pour remercier et implorer Dieu. Des prières.
- Comme des vœux un peu ?
- Oui à peu près.
- Ah ben je veux y aller là-bas, je mettrai un papier pour dire que je veux être footballeur.
La voilà l’idée de génie pour la grande réconciliation ! Kadir venait de l'évoquer : Organiser un voyage scolaire à Jérusalem pour que chacun y glisse son petit vœu dans les brèches du mur. Il faudrait cependant, au préalable, obtenir quelques autorisations et prier que ni l’office du tourisme de la ville sainte, ni le papa et les tontons fadas du petit dribbleur ne voient d’objection à l’initiative…
La sonnerie retentit et Kadir s’en alla prestement foutre le bazar dans les couloirs, une de ses spécialités.
…
Quant à mon vœu, il ne s’était pas réalisé. 6/20. Les hébreux n’avaient pas inspiré Kadir…Pas plus qu'autre chose.
dimanche 15 février 2009
les hébreux expliqués à Kadir (1/2)
Voilà des mois que le petit Kadir s’appliquait à mettre l’ambiance dans la studieuse 6D. Sur l’agenda standard du voyou moyen, il avait, semblait-il, pris un peu d’avance ; En revanche, sur celui de la semaine, il éprouvait quelques difficultés à suivre la cadence. Déjà largement largué en classe, quand on lui évoquait le travail, il bottait maçons, boulangers ou pompiers dans le même filet : C’est de la merde ! Kadir voulait jouer au football. L’original ! Évidemment que dans la vie il n’aurait pas trente-six alternatives. Soit il taquinerait la balle et serait grassement payé pour ça, soit il deviendrait une petite frappe comme l’était son père avant qu’il ne se calme dans une cellule faite pour ça. Le terrain, la rue. Des deux mondes, il demeurait fasciné. Seulement voilà, au parcours sinueux et incertain du premier se dressait l’accès trop simple et séduisant du second.
Mais passons…Pour l’heure le petit avait une leçon d’histoire à apprendre pour le vendredi qui suivait et une fois n’étant coutume, il avait décidé de s’atteler à la tâche.
La veille, son référant me donna un coup de fil :
- Kadir veut réviser son cours avec toi.
Pourquoi pas ! Ma chance - ou mon mérite – était que l’ado bouillant me respectât encore, lui qui avait tenté, dès le mois d’octobre de mettre un front-kick dans la face du cuistot. Peut-être m’écouterait-il avec plus d’attention que certains experts néo-pédo-freudiens.
- Pas de problème, demain, 8h.
J’expliquerais les hébreux au bien nommé Kadir.
A priori, ça s’annonçait folklorique, explosif. Ça sentait la roquette et l’insulte. Mais, jeune encore, il restait sans doute un peu protégé des sombres orateurs - qu’ils défèquent via la famille, la rue ou l’écran - par le cadre en carton que lui imposait le foyer. Je verrais bien. S’il me crie d’entrée de jeu : les juifs c’est rien que des enculés, il faut leur niquer la gueule, j’aurais effectivement bien du mal, à lui expliquer Moïse et les tables de la loi, le grand voyage au pays de Canaan…
mercredi 11 février 2009
aphorisme de l'amitié
Oui, pour devenir ami, il faut la fumée de la poudre !
Trois fois les amis sont unis :
Frères devant la misère,
égaux devant l’ennemi,
libres devant la mort !
lundi 9 février 2009
question de filiation
On ne sait jamais comment certains sujets arrivent sur le tapis : la fécondation in vitro par exemple s’est invitée au débat et a foutu le souk. Clarifions un peu le propos.
Bien sûr que si des amis avaient recours à cette technique, je les féliciterai sans même me poser de questions. Le fond du problème, il me semble, demeure une question de tendance, de dynamique. C’est que l’absurde droit à l’enfant (droit opposable tant qu’on y est…) participe des dérives de la manipulation génétique qui elles-mêmes peuvent déboucher sur une forme d’eugénisme. Les apologètes du scientisme libéral seraient sur le point, sans questionnement moral, de revenir sur les bases anthropologiques des sociétés humaines : un papa, une maman, un enfant. La question n’est pas pour ou contre mais comment et pourquoi. Exactement comme pour l’avortement ou l’euthanasie, nul besoin d’être catho intégriste pour respecter la vie, l’humain, la procréation et pour au moins s’interroger. L’organisation scientifique de l’humanité m’effraie. La génétique - quand elle n’est pas médicale – semble aujourd’hui capable de transformer radicalement l’humanité, de signer sa mort, d’organiser un grand suicide collectif…En somme de proposer le droit au bonheur à n’importe quel prix !
L’évolution des mœurs - et le droit pour tout et n’importe quoi qui va avec - présentée comme un progrès, n’est – d’après moi- qu’une dérobade pour envisager l’homme nouveau, le bien, le beau incarné, l’hédonisme dépouillé d’humanité. Le droit à l’enfant ouvre la boite de pandore et la queue au guichet. Ici achats d’enfants…Allons y : Le droit d’une mère seule de s’asseoir sur la paternité au nom de son désir, le droit des plus riches d’aller faire leur marché au Mali ou au Viêt-Nam. Bientôt le droit des homos de se féconder par l’anus, le droit des vieilles truies milliardaires toutes liftées de procréer à soixante ans, celui des pères pourquoi pas d’avoir eux aussi la joie de porter l’enfant ; Au nom de la parité, la mesure serait évidemment progressiste. Bientôt aussi le droit d’avoir un enfant parfait, à la carte, avec le choix de la couleur des yeux, la forme du torse etc. On peut même imaginer un enfant mixte, hermaphrodite, ou un troisième œil à l’arrière du crâne. Mais je m’égare un peu à force de pousser la logique. Habermas parlait d’eugénisme libéral et résume tout à fait ce qu’il m’arrive de penser :
Les rêves eugéniques ont un lourd passé politique. C’est pourquoi il me semble qu’à l’avenir on se dirigera plutôt vers un " eugénisme libéral ". J’entends par là une pratique qui permettrait aux parents projetant d’avoir un enfant de choisir pour lui, parmi une offre de modèles génétiques, les caractéristiques, dispositions et capacités auxquelles ils tiennent le plus. On ne sait, pour l’instant, si un tel " article de consommation " existera jamais. L’épineuse question de la portée et de la précision que pourront avoir les interventions sur le génome humain divise les experts eux-mêmes et reste à ce jour sans réponse. Mais l’expérience prouve que bien des choses qui semblaient, il y a peu encore, relever de la science-fiction ont été, et de loin, dépassés par la réalité, en particulier dans le domaine de la médecine de la reproduction. Cela devrait nous inciter à être prudents. Je n’ai naturellement rien à redire aux interventions génétiques justifiées par une nécessité thérapeutique ; mais les frontières entre thérapie génique et eugénisme " positif " sont floues, et il faut au contraire se montrer plus que réservé face aux manipulations qui, visant à améliorer le patrimoine génétique humain, relèvent de l’eugénisme au sens strict.
J.Habermas «L’Avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral ?»
vendredi 6 février 2009
un matin agréable
jeudi 5 février 2009
la surface...
" Donnez-lui toutes les satisfactions économiques, de façon qu'il n'ait plus rien à faire qu'à dormir, avaler des brioches, et se mettre en peine de prolonger l'histoire universelle, comblez-le de tous les biens de la terre, et plongez-le dans le bonheur jusqu'à la racine des cheveux : de petites bulles crèveront à la surface de ce bonheur, comme sur de l'eau. "
Dostoïevski, Dans mon souterrain.
mercredi 4 février 2009
fortin l'indien
Que vivent les Fortin…
lundi 2 février 2009
brute incursion (5/5)
brute incursion (5/5)
La librairie. Elle est là, j’y entre. Je cherche seul mon bouquin avant de me renseigner. Le gars me dit :
- Non, vraiment. Rien.
- Tant pis, merci, au revoir.
Je suis fatigué, je veux rentrer. J’y vais.
Mon téléphone sonne, un vieux motorola. Un collègue me propose un café. J’accepte. Il me dit :
- Dans un quart d’heure devant la fnac.
J’ai mal aux jambes, je vais prendre le tram. L’arrêt est à deux pas.
Je contourne par la rue Victor Hugo. Je suis surpris par une meute qui s’agite. Putain de clébards. Des gros chiens, qui bougent, qui reniflent et qui puent. Avec des allemands ivres autour, qui puent également. Des cannettes de Kronenbourg gisent un peu partout. Elles roulent dans le caniveau. Je regarde loin devant. L’un me dit :
- Pièces pour moi !
Je lui réponds non de la tête et je passe.
J’attends le prochain tramway. Une grande affiche indique qu’une Toyota coûte 14990 euros. Une fille au pull orange me donne un journal gratuit. Je refuse. Le tram arrive, klaxonne. Des vieux descendent doucement, un groupe monte et le grand crache une glaire avant de rentrer. Je m’éloigne. Je vais m’asseoir à côté d’une jeune fille que je cherche du regard. Plus que quatre arrêts. J'observe les rails, les fils électrique. C’est vrai que c’est typique le tramway. Une personne seule donne à voix haute une explication puis joue de l’harmonica. C’est pénible. Elle passe dans les rangs avec une boîte en fer. Je tourne la tête. J’attends en observant au dehors.
C’est mon arrêt. Je descends et tombe directement sur une paire de seins. Une grande affiche indique la leçon n°51 d’Aubade. Une autre fille au pull orange me donne un journal gratuit. Je refuse à nouveau. Je regarde furtivement le gros plan avant de retourner devant la fnac. Je suis à l’heure. C’est bondé. Des groupes, des couples, des jeunes, des vieux, du coca, des pizzas, des sacs, des fringues. Dans le coin le clochard dort toujours, il y a deux pièces dans sa casquette. J’attends mon ami. Une fille m’accoste pour sauver la planète. Elle est laide. Elle me dit :
- Greenpeace. Vous connaissez ?
Je lui réponds :
- Oui, mais ça ne m’intéresse pas.
Elle part voir d’autres passants. Quel K-way pourri.
Mon camarade arrive. On va à la brasserie boire un café, Au Bureau. Je suis éreinté. J’abrège. Je file.
dimanche 1 février 2009
timidité
" La timidité, c'est une défaillance devant le présent,
un manque de raccord entre l'imagination et l'acte,
et la vie intérieure sert précisément à combler
ou à dissimuler cette interstice "
" L'action, pour certains hommes est
d'autant plus impraticable que le désir est plus fort.
La méfiance d'eux même les embarrasse,
la crainte de déplaire les épouvante"