vendredi 20 février 2009

optimiste vs pessimiste

Optimiste vs pessimiste




D’aucuns montrent du doigt le pessimiste cynique. La vie est belle ils lui disent. Ils s’agacent que le persifleur rouspète sans arrêt contre le laid, le factice, le plastique. Ils aimeraient qu’il s’attarde sur le bien qu’eux chantent comme authentique, qu’il s’enivre de l’odeur du grand soir qui arrive. Ceux là sont les optimistes. Ils luttent pour un monde meilleur, un meilleur des mondes. Ils ont ciblé le mal et lui balancent quelques fléchettes à coup de pétitions, discussions et pancartes. Ils se battent comme des courageux qu’ils ne sont pas. Leurs armes sont en carton, ils moulinent à l’infini. Les optimistes râlent contre les râleurs, ils disent qu’il y a pire. Ils croient le festif révolution à venir et avenir radieux. Ils célèbrent le Dieu moderne, le Dieu du Bien indépassable. En temps de crise ils sont inquiets de ne pouvoir atteindre ce monde idéal. Ainsi on-t-ils renoncé à comprendre l’ordre des choses, l’histoire, la filiation, peut être aussi l’humanité elle même. Il n’y en a que pour leur Bien céleste, seul horizon contre tous les archaïsmes, les maux ancestraux. Ils montent l’escalier, progressent hors l’Histoire ; Ils n’y sont plus, ils sont morts, ils sont optimistes, le vent dans le dos les poussent. Tout ça est positif, diaboliquement positif.

Alors le cynique se moque d’eux, réagit. Lui n’a plus que le rire contre le sérieux du vénérable Bien, l’inhumain. Il se moque donc, et rabat à coup de sarcasmes la joie idiote de ceux qui proclament leurs funestes idéaux. C’est cette soif de l’idéal, cet idéal de sortie du temps, cet optimiste pour l’éden ultime qui pousse le pessimiste à en être, qui le force à s’angoisser pour après demain. Ainsi pour lui, le seul optimisme envisageable, le réel, le souhaitable, serait de voir grandir le front des pessimistes, pour que l’arbre mourant reste vivant, encore un peu…



lundi 16 février 2009

les hébreux expliqués à Kadir (2/2)

les hébreux expliqués à Kadir (2/2)




Il débarqua dans la salle de réunion accoutré d’un survêtement vert floqué Algeria. Nous étions parti pour une petite heure : Les hébreux. Nous fîmes comme si nous discutions, je lui posai des questions et il y répondit en notant les mots importants.
- Bon Kadir. Alors, raconte moi un peu les débuts du peuple hébreux.
- Euh…j’sais pas.

Il était parti pour faire aucun effort, le petit con. Pendant une demie heure, je lui ré expliquai…Abraham, Canaan, Moïse sur le mont Sinaï, la création du Royaume d’Israël. Puis je le testai un peu voir si ce dernier nom propre lui évoquait quelque chose.
- Aujourd’hui, c’est une région en guerre, tu as entendu parler de ce qui se passe là-bas ?
J’avais envie de lui expliquer mon point de vue, mais ce n’était ni judicieux, ni opportun. Et après tout, en petit français, il n’était pas plus concerné qu’un autre…
- non. J’sais pas.
Il était vierge d’a priori. Tant mieux. J’avais eu des échos douteux du papa. Mais en voyant son fils une fois par mois, il avait sans doute autre chose à lui dire qu’à lui ressasser quelconques sermons ou autres discours puants. Il commençait à bien intégrer ce que je lui racontais.
- Alors les dix commandements. Est-ce que tu les connais ? Cites moi en au moins quelque uns…
- Tu voleras pas, tu tueras pas, tu choisiras pas d’autre Dieu que moi, tu piqueras pas la meuf de ton voisin…

- d’accord. Bon ce n’est pas vraiment comme ça qu’il l’a dit, mais l’idée y est. Il a dit tu ne convoiteras pas la femme…
- Ensuite les premiers rois du royaume tu les connais ?
- Jésus.
Il me dit. Je repris rapidement la genèse des grandes religions en me sentant obligé d’insister sur l’Islam. Je savais bien que ça n’était pas très républicain comme pédagogie, mais je ne pus m’en empêcher.
Je lui expliquai ensuite le combat de David
- Contre qui Kadir ?
- Gozzilhat.
Il me dit.
En me marrant, je lui expliquai qu’aujourd’hui, David contre Goliath était devenu une expression. Là encore, pas très fier de moi, je lui filai la métaphore avec un exemple sur le football, comme si les deux seules choses qu’il soit en mesure de comprendre étaient la baballe et son « islarabité ». Honte à moi.
- C’est comme si Grenoble jouait contre Manchester. Je lui dis. Grenoble se serait David
De David, il n’en avait cure, il me coupa et répliqua.
- Oui mais bon Manchester y mettrait son équipe B.
- Oui, certainement. Mais est-ce t’as compris l’expression ?

- Oui.

Il était temps de se pencher sur les rites judaïques. Comme lui, les juifs ne mangeaient pas de porc. Il fut surpris de la nouvelle et nota l’information sur son cahier de brouillon. Restait à lui expliquer la circoncision.
- Tu sais ce que ça signifie Kadir ?
- Oui, ils se coupent la bite. Me dit-il tout bas, sourire légèrement honteux.
- Non, pas exactement. Je lui expliquai très brièvement. Il savait très bien.
Nous terminâmes sur l’explication puis la description du temple de Salomon. Avec ce qu’il en restait : le mur des lamentations. Je lui commentai une photo de son bouquin.
- Aujourd’hui les juifs y mettent des papiers pour remercier et implorer Dieu. Des prières.
- Comme des vœux un peu ?

- Oui à peu près.

- Ah ben je veux y aller là-bas, je mettrai un papier pour dire que je veux être footballeur.


La voilà l’idée de génie pour la grande réconciliation ! Kadir venait de l'évoquer : Organiser un voyage scolaire à Jérusalem pour que chacun y glisse son petit vœu dans les brèches du mur. Il faudrait cependant, au préalable, obtenir quelques autorisations et prier que ni l’office du tourisme de la ville sainte, ni le papa et les tontons fadas du petit dribbleur ne voient d’objection à l’initiative…
La sonnerie retentit et Kadir s’en alla prestement foutre le bazar dans les couloirs, une de ses spécialités.



Quant à mon vœu, il ne s’était pas réalisé. 6/20. Les hébreux n’avaient pas inspiré Kadir…Pas plus qu'autre chose.

dimanche 15 février 2009

les hébreux expliqués à Kadir (1/2)

les hébreux expliqués à Kadir (1/2)




Début janvier. Il était quelque hasard du calendrier tout à fait explosible. Hasard du programme scolaire et de l’actualité. Hasard du quotidien, hasard à sourire aussi.

Voilà des mois que le petit Kadir s’appliquait à mettre l’ambiance dans la studieuse 6D. Sur l’agenda standard du voyou moyen, il avait, semblait-il, pris un peu d’avance ; En revanche, sur celui de la semaine, il éprouvait quelques difficultés à suivre la cadence. Déjà largement largué en classe, quand on lui évoquait le travail, il bottait maçons, boulangers ou pompiers dans le même filet : C’est de la merde ! Kadir voulait jouer au football. L’original ! Évidemment que dans la vie il n’aurait pas trente-six alternatives. Soit il taquinerait la balle et serait grassement payé pour ça, soit il deviendrait une petite frappe comme l’était son père avant qu’il ne se calme dans une cellule faite pour ça. Le terrain, la rue. Des deux mondes, il demeurait fasciné. Seulement voilà, au parcours sinueux et incertain du premier se dressait l’accès trop simple et séduisant du second.
Mais passons…Pour l’heure le petit avait une leçon d’histoire à apprendre pour le vendredi qui suivait et une fois n’étant coutume, il avait décidé de s’atteler à la tâche.

La veille, son référant me donna un coup de fil :
- Kadir veut réviser son cours avec toi.
Pourquoi pas ! Ma chance - ou mon mérite – était que l’ado bouillant me respectât encore, lui qui avait tenté, dès le mois d’octobre de mettre un front-kick dans la face du cuistot. Peut-être m’écouterait-il avec plus d’attention que certains experts néo-pédo-freudiens.
- Pas de problème, demain, 8h.
J’expliquerais les hébreux au bien nommé Kadir.

A priori, ça s’annonçait folklorique, explosif. Ça sentait la roquette et l’insulte. Mais, jeune encore, il restait sans doute un peu protégé des sombres orateurs - qu’ils défèquent via la famille, la rue ou l’écran - par le cadre en carton que lui imposait le foyer. Je verrais bien. S’il me crie d’entrée de jeu : les juifs c’est rien que des enculés, il faut leur niquer la gueule, j’aurais effectivement bien du mal, à lui expliquer Moïse et les tables de la loi, le grand voyage au pays de Canaan…

mercredi 11 février 2009

aphorisme de l'amitié

aphorisme de l'amitié





Tout bonheur sur la terre, Amis, est dans la lutte !
Oui, pour devenir ami, il faut la fumée de la poudre !
Trois fois les amis sont unis :
Frères devant la misère,
égaux devant l’ennemi,
libres devant la mort !
Nietzsche, Le gai savoir

lundi 9 février 2009

question de filiation

Question de filiation.




Malgré la petite contrariété du matin, lorsqu’en me levant – bouche pâteuse et neurones douloureux – je me pose les sempiternelles questions : Qu’ai-je donc encore dit ? Suis-je allé trop loin dans la provocation ? Vais-je finir par insupporter mes amis ?…je dois bien avouer que définitivement j’aime ça. J’aime lorsque les mots lourds et interdits arrivent sur la table toute chargée de bouteilles à moitié vidées. J’aime mettre mes deux grands pieds dans les plats les plus fragiles et j’aime pousser le bouchon, loin. C’est plus fort que moi. L’alcool à foison aide au grand déballage, il désinhibe les idées honteuses d’être trop justes, il amène à aller au bout de certaines logiques perturbantes. Mais parfois, il libère un flot trop soudain de mots en vrac et n’aide pas à la clarté du débat. Alors, comme les opinions divergent et que les joutes s’intensifient, comme chacun croit qu’il comprends le monde mieux que son voisin – alors - volent les « gros con ! » partent entre les effluves de rhum, les « je t’emmerde », les « d’toute façon tu comprends rien » et autres délicats « tu commences à me faire chier ». C’est bon parfois de se lâcher un peu et tout ceci reste jovial. Merci les mots…

On ne sait jamais comment certains sujets arrivent sur le tapis : la fécondation in vitro par exemple s’est invitée au débat et a foutu le souk. Clarifions un peu le propos.

Bien sûr que si des amis avaient recours à cette technique, je les féliciterai sans même me poser de questions. Le fond du problème, il me semble, demeure une question de tendance, de dynamique. C’est que l’absurde droit à l’enfant (droit opposable tant qu’on y est…) participe des dérives de la manipulation génétique qui elles-mêmes peuvent déboucher sur une forme d’eugénisme. Les apologètes du scientisme libéral seraient sur le point, sans questionnement moral, de revenir sur les bases anthropologiques des sociétés humaines : un papa, une maman, un enfant. La question n’est pas pour ou contre mais comment et pourquoi. Exactement comme pour l’avortement ou l’euthanasie, nul besoin d’être catho intégriste pour respecter la vie, l’humain, la procréation et pour au moins s’interroger. L’organisation scientifique de l’humanité m’effraie. La génétique - quand elle n’est pas médicale – semble aujourd’hui capable de transformer radicalement l’humanité, de signer sa mort, d’organiser un grand suicide collectif…En somme de proposer le droit au bonheur à n’importe quel prix !

L’évolution des mœurs - et le droit pour tout et n’importe quoi qui va avec - présentée comme un progrès, n’est – d’après moi- qu’une dérobade pour envisager l’homme nouveau, le bien, le beau incarné, l’hédonisme dépouillé d’humanité. Le droit à l’enfant ouvre la boite de pandore et la queue au guichet. Ici achats d’enfants…Allons y : Le droit d’une mère seule de s’asseoir sur la paternité au nom de son désir, le droit des plus riches d’aller faire leur marché au Mali ou au Viêt-Nam. Bientôt le droit des homos de se féconder par l’anus, le droit des vieilles truies milliardaires toutes liftées de procréer à soixante ans, celui des pères pourquoi pas d’avoir eux aussi la joie de porter l’enfant ; Au nom de la parité, la mesure serait évidemment progressiste. Bientôt aussi le droit d’avoir un enfant parfait, à la carte, avec le choix de la couleur des yeux, la forme du torse etc. On peut même imaginer un enfant mixte, hermaphrodite, ou un troisième œil à l’arrière du crâne. Mais je m’égare un peu à force de pousser la logique. Habermas parlait d’eugénisme libéral et résume tout à fait ce qu’il m’arrive de penser :

Les rêves eugéniques ont un lourd passé politique. C’est pourquoi il me semble qu’à l’avenir on se dirigera plutôt vers un " eugénisme libéral ". J’entends par là une pratique qui permettrait aux parents projetant d’avoir un enfant de choisir pour lui, parmi une offre de modèles génétiques, les caractéristiques, dispositions et capacités auxquelles ils tiennent le plus. On ne sait, pour l’instant, si un tel " article de consommation " existera jamais. L’épineuse question de la portée et de la précision que pourront avoir les interventions sur le génome humain divise les experts eux-mêmes et reste à ce jour sans réponse. Mais l’expérience prouve que bien des choses qui semblaient, il y a peu encore, relever de la science-fiction ont été, et de loin, dépassés par la réalité, en particulier dans le domaine de la médecine de la reproduction. Cela devrait nous inciter à être prudents. Je n’ai naturellement rien à redire aux interventions génétiques justifiées par une nécessité thérapeutique ; mais les frontières entre thérapie génique et eugénisme " positif " sont floues, et il faut au contraire se montrer plus que réservé face aux manipulations qui, visant à améliorer le patrimoine génétique humain, relèvent de l’eugénisme au sens strict.

J.Habermas «L’Avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral ?»

vendredi 6 février 2009

un matin agréable

Un matin agréable.


Il y avait des jours où l’enthousiasme était de mise, des matins frais, légèrement brumeux comme je les aimais, ceux des expirations fumeuses, des ombres épaisses au sol et du soleil généreux. Je tressautais dans mon petit intérieur de la perspective d’un temps joyeux, du court terme toujours, un café, des gens, elle, des paysages, des souvenirs. Mais fixer une ligne directrice, une ligne de vie au bonheur linéaire, parsemées d’échéances, cogitées de réflexions ou de standards, relevait de la plus extrême difficulté voire même d’une incapacité totale. J’aspirais pourtant à cette construction mentale mais le quadrillage du temps m’avait toujours été bien aléatoire. Le lointain, effrayant, n’était sans doute envisageable qu’en rêves. Je ressentais le provisoire et les cycles se succéder, s’imprimer, mon humeur comme thermomètre défectueux, sans certitude de saison mais au hasard des circonstances et des soucis singuliers de chaque nouveau matin. Je flottais et tentais de naviguer sur un cours d’eau dont le niveau variait ; Fleuve ou petit ruisseau, la barque tanguait parfois. Tout dépendait des remous et c’était bien comme ça.

jeudi 5 février 2009

la surface...

la surface...



" Donnez-lui toutes les satisfactions économiques, de façon qu'il n'ait plus rien à faire qu'à dormir, avaler des brioches, et se mettre en peine de prolonger l'histoire universelle, comblez-le de tous les biens de la terre, et plongez-le dans le bonheur jusqu'à la racine des cheveux : de petites bulles crèveront à la surface de ce bonheur, comme sur de l'eau. "


Dostoïevski, Dans mon souterrain.

mercredi 4 février 2009

fortin l'indien

Fortin l’indien.



Quand le pouvoir d’achat devient une fin en soi, quand la revendication semble portée au rang de prière par des acquéreurs convulsifs, quand l’ultime désir revient à se couvrir de merde et de supports à merde, quand le rêve absolu est de rejoindre l’hyper-classe et sa frénésie de croissance ; Quand une société atteint ce stade d’aveuglement et ce niveau de quête spirituelle, quand elle veut lisser, programmer, hygiéniser, lénifier, abrutir… Alors, ses grands justiciers, ses gourous, ses relayeurs et ses fidèles s’étonnent de la sensibilité exacerbée, de la profonde humanité de l’hirsute ariégeois, de l’ascète au grand cœur, du brave Xavier Fortin. Ils l’enferment sans délai, interrogent l’anormalité et s’empressent de lui faire subir l’examen de l’homme moderne sorti du rang : L’examen psychiatrique ! L’incomparable, le non officiel est une folie. Il ne peut en être autrement ! Les rois de la diversité sont égratignés de son « déséquilibre », eux qui suivent le fil tendu très haut, harnais serré, œillères moulées…

Ainsi, plaquent-ils leur analyse sur l’effroyable doxa de notre belle époque !

Comment ça ? apprend-on : il n’a jamais violenté ses enfants ? Puisqu’ils se pausent la question, c’est qu’il en avait le profil, le bougre. Les deux petits captifs se seraient même attachés à leur bourreau de père, syndrome de Stockholm en grossier sous-entendu. Fortin a enlevé ses enfants ! Ils répètent. Mais comment peut-on enlever ses propres enfants ? L’amour leur passe au dessus ; Ils auraient aimé un crime, de la torture, de l’inceste, du congélateur…du morbide. Mais non. Rien de tout ça. Leur père s’est même substitué à la belle école de la république – celle qui fabrique à la pelle des illettrés, des chefaillons et des consommateurs d’objets – afin de leur apprendre à lire, compter, et même à devenir critiques et intelligents, témoigne le premier de leurs voisins éloignés. Une secte sans doute ! Et voici que les mass-médias nous présentent sa cabane, ses plantations et son troupeau, ils nous montrent la misère avec leur regard apitoyé trop caractéristique. La misère ? Oui, oui. Aucune trace de l’ameublement standard, pas de déco, pas d’écran plat ni même de volets coulissants. Et puis ce cheptel et ce potager ! Scandale, aucune des normes européennes n’est respectée, le lait des chèvres, pour le fromage pas même stérilisé ! Pauvres enfants, Sûr que dans cette baraque, il devait s’en passer des choses dégueulasses…De ces sous-entendus, de ces accusations, il devra se justifier, se défendre. Il devra expliquer sans doute ce qu’il entend par liberté…

Alors bien sûr, il s'agit là d'un drame familial, une mère a été brisée et c’est bien triste pour elle. Mais, ne pas même le comprendre, ne pas même saisir une bribe du pourquoi de ce choix douloureux et courageux, de son entière humanité ; Renvoyer ce Fortin à son délit et à sa folie et le fustiger à ce point d’avoir choisi la fuite sans daigner signer la convention du laid…Tout ceci - cette loupe déformante et cette mise en lumière – en dit long sur l’époque et dénote clairement que les barreaux de la moderne et crasse idéologie seront bien compliqués à limer.

Que vivent les
Fortin



lundi 2 février 2009

brute incursion (5/5)

brute incursion (5/5)




La librairie. Elle est là, j’y entre. Je cherche seul mon bouquin avant de me renseigner. Le gars me dit :

- Non, vraiment. Rien.

- Tant pis, merci, au revoir.

Je suis fatigué, je veux rentrer. J’y vais.

Mon téléphone sonne, un vieux motorola. Un collègue me propose un café. J’accepte. Il me dit :

- Dans un quart d’heure devant la fnac.

J’ai mal aux jambes, je vais prendre le tram. L’arrêt est à deux pas.

Je contourne par la rue Victor Hugo. Je suis surpris par une meute qui s’agite. Putain de clébards. Des gros chiens, qui bougent, qui reniflent et qui puent. Avec des allemands ivres autour, qui puent également. Des cannettes de Kronenbourg gisent un peu partout. Elles roulent dans le caniveau. Je regarde loin devant. L’un me dit :

- Pièces pour moi !

Je lui réponds non de la tête et je passe.

J’attends le prochain tramway. Une grande affiche indique qu’une Toyota coûte 14990 euros. Une fille au pull orange me donne un journal gratuit. Je refuse. Le tram arrive, klaxonne. Des vieux descendent doucement, un groupe monte et le grand crache une glaire avant de rentrer. Je m’éloigne. Je vais m’asseoir à côté d’une jeune fille que je cherche du regard. Plus que quatre arrêts. J'observe les rails, les fils électrique. C’est vrai que c’est typique le tramway. Une personne seule donne à voix haute une explication puis joue de l’harmonica. C’est pénible. Elle passe dans les rangs avec une boîte en fer. Je tourne la tête. J’attends en observant au dehors.

C’est mon arrêt. Je descends et tombe directement sur une paire de seins. Une grande affiche indique la leçon n°51 d’Aubade. Une autre fille au pull orange me donne un journal gratuit. Je refuse à nouveau. Je regarde furtivement le gros plan avant de retourner devant la fnac. Je suis à l’heure. C’est bondé. Des groupes, des couples, des jeunes, des vieux, du coca, des pizzas, des sacs, des fringues. Dans le coin le clochard dort toujours, il y a deux pièces dans sa casquette. J’attends mon ami. Une fille m’accoste pour sauver la planète. Elle est laide. Elle me dit :

- Greenpeace. Vous connaissez ?

Je lui réponds :

- Oui, mais ça ne m’intéresse pas.

Elle part voir d’autres passants. Quel K-way pourri.

Mon camarade arrive. On va à la brasserie boire un café, Au Bureau. Je suis éreinté. J’abrège. Je file.

Je regarde mes pieds pour rentrer. Il pleut un peu. J’arrive devant ma porte Putain de serrure. Je force et parviens à ouvrir. Je prends un cachet et j’allume la télé. Je m’endors. Je n’ai pas mon livre. Il est rare.

dimanche 1 février 2009

timidité

Timidité


" La timidité, c'est une défaillance devant le présent,
un manque de raccord entre l'imagination et l'acte,
et la vie intérieure sert précisément à combler
ou à dissimuler cette interstice "


" L'action, pour certains hommes est
d'autant plus impraticable que le désir est plus fort.
La méfiance d'eux même les embarrasse,
la crainte de déplaire les épouvante"


Honoré de Balzac. Le père Goriot.