mercredi 4 février 2009

fortin l'indien

Fortin l’indien.



Quand le pouvoir d’achat devient une fin en soi, quand la revendication semble portée au rang de prière par des acquéreurs convulsifs, quand l’ultime désir revient à se couvrir de merde et de supports à merde, quand le rêve absolu est de rejoindre l’hyper-classe et sa frénésie de croissance ; Quand une société atteint ce stade d’aveuglement et ce niveau de quête spirituelle, quand elle veut lisser, programmer, hygiéniser, lénifier, abrutir… Alors, ses grands justiciers, ses gourous, ses relayeurs et ses fidèles s’étonnent de la sensibilité exacerbée, de la profonde humanité de l’hirsute ariégeois, de l’ascète au grand cœur, du brave Xavier Fortin. Ils l’enferment sans délai, interrogent l’anormalité et s’empressent de lui faire subir l’examen de l’homme moderne sorti du rang : L’examen psychiatrique ! L’incomparable, le non officiel est une folie. Il ne peut en être autrement ! Les rois de la diversité sont égratignés de son « déséquilibre », eux qui suivent le fil tendu très haut, harnais serré, œillères moulées…

Ainsi, plaquent-ils leur analyse sur l’effroyable doxa de notre belle époque !

Comment ça ? apprend-on : il n’a jamais violenté ses enfants ? Puisqu’ils se pausent la question, c’est qu’il en avait le profil, le bougre. Les deux petits captifs se seraient même attachés à leur bourreau de père, syndrome de Stockholm en grossier sous-entendu. Fortin a enlevé ses enfants ! Ils répètent. Mais comment peut-on enlever ses propres enfants ? L’amour leur passe au dessus ; Ils auraient aimé un crime, de la torture, de l’inceste, du congélateur…du morbide. Mais non. Rien de tout ça. Leur père s’est même substitué à la belle école de la république – celle qui fabrique à la pelle des illettrés, des chefaillons et des consommateurs d’objets – afin de leur apprendre à lire, compter, et même à devenir critiques et intelligents, témoigne le premier de leurs voisins éloignés. Une secte sans doute ! Et voici que les mass-médias nous présentent sa cabane, ses plantations et son troupeau, ils nous montrent la misère avec leur regard apitoyé trop caractéristique. La misère ? Oui, oui. Aucune trace de l’ameublement standard, pas de déco, pas d’écran plat ni même de volets coulissants. Et puis ce cheptel et ce potager ! Scandale, aucune des normes européennes n’est respectée, le lait des chèvres, pour le fromage pas même stérilisé ! Pauvres enfants, Sûr que dans cette baraque, il devait s’en passer des choses dégueulasses…De ces sous-entendus, de ces accusations, il devra se justifier, se défendre. Il devra expliquer sans doute ce qu’il entend par liberté…

Alors bien sûr, il s'agit là d'un drame familial, une mère a été brisée et c’est bien triste pour elle. Mais, ne pas même le comprendre, ne pas même saisir une bribe du pourquoi de ce choix douloureux et courageux, de son entière humanité ; Renvoyer ce Fortin à son délit et à sa folie et le fustiger à ce point d’avoir choisi la fuite sans daigner signer la convention du laid…Tout ceci - cette loupe déformante et cette mise en lumière – en dit long sur l’époque et dénote clairement que les barreaux de la moderne et crasse idéologie seront bien compliqués à limer.

Que vivent les
Fortin



Aucun commentaire: