dimanche 15 février 2009

les hébreux expliqués à Kadir (1/2)

les hébreux expliqués à Kadir (1/2)




Début janvier. Il était quelque hasard du calendrier tout à fait explosible. Hasard du programme scolaire et de l’actualité. Hasard du quotidien, hasard à sourire aussi.

Voilà des mois que le petit Kadir s’appliquait à mettre l’ambiance dans la studieuse 6D. Sur l’agenda standard du voyou moyen, il avait, semblait-il, pris un peu d’avance ; En revanche, sur celui de la semaine, il éprouvait quelques difficultés à suivre la cadence. Déjà largement largué en classe, quand on lui évoquait le travail, il bottait maçons, boulangers ou pompiers dans le même filet : C’est de la merde ! Kadir voulait jouer au football. L’original ! Évidemment que dans la vie il n’aurait pas trente-six alternatives. Soit il taquinerait la balle et serait grassement payé pour ça, soit il deviendrait une petite frappe comme l’était son père avant qu’il ne se calme dans une cellule faite pour ça. Le terrain, la rue. Des deux mondes, il demeurait fasciné. Seulement voilà, au parcours sinueux et incertain du premier se dressait l’accès trop simple et séduisant du second.
Mais passons…Pour l’heure le petit avait une leçon d’histoire à apprendre pour le vendredi qui suivait et une fois n’étant coutume, il avait décidé de s’atteler à la tâche.

La veille, son référant me donna un coup de fil :
- Kadir veut réviser son cours avec toi.
Pourquoi pas ! Ma chance - ou mon mérite – était que l’ado bouillant me respectât encore, lui qui avait tenté, dès le mois d’octobre de mettre un front-kick dans la face du cuistot. Peut-être m’écouterait-il avec plus d’attention que certains experts néo-pédo-freudiens.
- Pas de problème, demain, 8h.
J’expliquerais les hébreux au bien nommé Kadir.

A priori, ça s’annonçait folklorique, explosif. Ça sentait la roquette et l’insulte. Mais, jeune encore, il restait sans doute un peu protégé des sombres orateurs - qu’ils défèquent via la famille, la rue ou l’écran - par le cadre en carton que lui imposait le foyer. Je verrais bien. S’il me crie d’entrée de jeu : les juifs c’est rien que des enculés, il faut leur niquer la gueule, j’aurais effectivement bien du mal, à lui expliquer Moïse et les tables de la loi, le grand voyage au pays de Canaan…

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