samedi 24 janvier 2009

brute incursion (1/5)

Brute Incursion (1/5)



La clé a du mal à tourner. Aujourd’hui, il faut que je trouve un livre, un bon, un rare - pas le temps de commander. Sûr que l’époque ne m’a pas enseigné la patience, je veux tout et tout de suite, alors j’y vais. Putain de serrure, je force encore et enfin la clé tourne. Un jour, elle me restera dans les doigts. Il y aura du monde et pas que du beau, c’est évident. Tant pis, je sais que je vais en baver, je n’aime pas trop ça, les bousculades. Et le décor m’agace aussi.

Le grand boulevard n’est pas trop bondé, j’évite les trottoirs - les chiens y défèquent. Je prends la contre-allée après le carrefour. A cent mètre, le kebab est plein. Ça parle fort, ça mange gras, quelques-uns jouent aux cartes. Ça pue en dehors et le patron de l’Izmir fume une clope.

Plus loin, à travers la baie vitrée, je jette un rapide coup d’œil sur la dame du casino, la même que d’habitude. Elle se ronge les ongles, pas de clients. Aucun commerce de chiffons sur ce grand boulevard, que de la bouffe et des assurances, rien qui n’attire personne un samedi. L’épicier du coin trouve le temps long lui aussi, il remet en place des paquets de biscuits, arrange son étal de fruits plus jolis.

Voilà la station du tramway qui se profile, la foule commence à se densifier, ça bouge. Il faut regarder devant soi, user de prudence pour croiser les gens, les collisions sont fréquentes. Pas encore trop de monde, nous sommes à l’arrière du front. Je suis vigilant.

Une grande affiche indique le Quick à 2 minutes. A côté, des gens s’impatientent et s’énervent. Les trams arrivent déjà trop remplis. J’y vais à pied.

Pressé d’en découdre, je marche rapidement. Il fait un peu froid. Une roumaine me sourit à l’angle d’une rue parallèle, elle réclame quelque chose.

- Argent.

Je lui réponds :

- J’ai rien.

Elle insiste. Elle me dit :

- Mangé enfants.

Ses dents pourries sont effrayantes. Je passe.




5 commentaires:

Amiral Potiron a dit…

Le tram? Dans quelle ville sommes nous?

schock a dit…

La capitale des Alpes, Dit-on.

Amiral Potiron a dit…

On croirait ma ville... Peut-être parce qu'il n'y a plus vraiment de villes: fnac, footlocker, kebabs, trams, putes à franges, cailleras, minets, pub' et musique à fond.
L'élitisme pour tous!

Heretique a dit…

http://dndf.over-blog.com/article-2353377.html
Mea Culpa (1936)

Bagatelles pour un massacre (1937)

L'École des cadavres (1938)

Les beaux draps (1941)

A l'agité du bocal (1948)

j'espere que sa vous plaira :)

schock a dit…

Oui, je connais.
J'ai tout de même du mal à saisir le rapport avec mon incursion en ville.