vendredi 16 janvier 2009

Le repas de noël (5/8)

Le repas de noël (5/8)



Autour de moi, Nadia et Carine piaillaient à m’en déclencher la migraine. Ça débattait sévère : manucures, sacs à mains, tailles de pantalons. Les temps de respirations me paraissaient trop brefs ; Le silence, majestueux, n’était là que chimère. Aux tympans mis à contribution, se greffait un pénible labeur olfactif : Offensives de tous bords : jasmin, vanille, patchouli ; Plus de quinze pschitts par encolure de donzelle, j’en aurais mis un doigt à trancher. Abstraction faite de ces détails, je me concentrais sur l’ultime offrande de ce festival des sens. Furtif œil droit, fuyant œil gauche, discret comme un soleil d’août, je zieutais les bustes rayonnants de mes deux voisines. Les allures, similaires, auraient comblé les amateurs d’arts plastiques. Fines, élancées, pomponnées mais drôlement proportionnées, je me demandai, à les entendre, si le collagène de leur pulpeuse paire de seins n’était pas remonté jusqu’à l’encéphale. Aussi, de leur bouche sortaient comme des courants d’air de silicone périmé. Ça promettait de la discussion en carton. Toutes deux semblèrent hésiter d’emblée quant à l’attitude à adopter : Tronches figées de pouffiasses inabordables – tirer une gueule de six pieds de long sous prétexte de se croire désirable – ou amatrices niaises de blagues pourries et son corollaire de cacophoniques ricanements. Après bilan rapidement mené – faire exagérément la belle quand on est vilaine ne mène décidément à rien - elles se mirent en tête de flamber devant le brave Paulo ; Regards fixes et coquins, petites caresses dans les cheveux et rires épais en écho à ses prestations le combleraient de joie. L’ami Rodrigue me faisait face ; Un bon gars de la maintenance, un peu bourru et guère enclin aux bavardages. Moi, j’aime les oiseaux, les arbres, et c’est à peu près tout m’avait-il confié un jour de bonne lune. Sans doute venait-il là pour récupérer ses chèques cadeaux ou peut-être réamorcer ses envies de nature ; Certainement pas pour fanfaronner. Serviable, il distribuait du pain, remplissait les verres vides. Il s’activait un peu afin de faire abstraction du reste. Pour Rodrigue, frangin d’aigreur, l’obscur divertissement avait des airs de mauvais moment à passer. Plutôt guillerets et déjà saouls, Tristan, Julien et Victor occupaient Les derniers sièges de cette tablée princière. Énième occasion de faire la fête – autrement dit de se murger la gueule – peu importait le lieu et les convives ; Toutes leurs prières d’ivresse se portaient vers le seul Dionysos. Au diable la goinfrerie, gloire à la bouteille au plus haut des cieux. En Paulo, quasi demi-Dieu, ils avaient trouvés leur maître plaisantin, leur grasse référence en matière de bouffonnerie. Ça fusait sec et les gourdes s’esclaffaient bruyamment. Mais Paulo n’avait pas son pareil pour s’engouffrer toujours un peu plus loin dans le scabreux à mesure que les verres s’enchaînaient. Très vite, ces demoiselles durent oublier les petites galéjades flatteuses, la gentillette drague un peu lourdaude. Le délicat pipi accoucha du vomi, qui en douceur fit place au caca pour enfin fracasser l’assemblée d’une petite dernière sur la grosse chatte pleine de pue de la mère Denis. Papillotes et carambars n’avaient qu’à bien se tenir, les acolytes y allaient gaiement et le soufflée au poisson avait du mal à passer.

1 commentaire:

Amiral Potiron a dit…

Les Tristan, Julien et Victor , pour le coup je les comprends...à une telle sauterie mieux vaut aller murgé, voire complètement murgé.