mercredi 28 janvier 2009

dialogues de connes

Dialogue de connes…



Topo. Nous étions trois dans le bureau. Je n’avais rien à faire d’autre que de lire un peu. Bardamu pourrissait en Afrique dans un village isolé. Dring. Je posai mon bouquin pour répondre au téléphone ; Encore une conne de mère d’élève qui ne comprenait pas pourquoi son fils avait tant d’heures de colle. Diplomate, je lui expliquai brièvement. Au moment de ré-enclencher la lecture, alors que l’une de mes collègues s’en foutait partout d’éplucher son fruit, l’autre entama la conversation :
- Tiens...j’avais fait un mémoire sur Céline.
- Ah bon ! Sur quoi précisément ?
- C’était sur le rapport qu’il entretenait avec les juifs…
- Ah ! Comme ça… t’avais de quoi dire !

Je sentais qu’elle allait me faire chier.
- Oui, c’est sûr…j’ai cherché les traces d’antisémitisme dans le Voyage…
J’avais bien senti.
- Euh, dans ses pamphlets je veux bien, mais franchement dans le Voyage, si tu focalises là dessus c’est dommage.
- De toute façon, je n’aime pas sa façon d’écrire…
Doucettement, me venait l’envie de la gifler. Je me contins. Elle reprit :
- Trop haché, sans liant, trop cru…Et puis ça suinte la haine à chaque page.
- Au contraire, c’est cette force qui en fait un immense écrivain, un artiste…

Pendant que nous discutions, la troisième collègue, l’étudiante en psycho, se dépatouillait comme elle pouvait avec son fruit. Elle entendait par bribes ce qu’on racontait et décida d’intervenir.
- Vous parlez de quoi ?
- De littérature, de Céline.
- Ah, je connais pas. Elle a écrit quoi ?

L’autre lui expliqua. Moi, j’avais envie de rire. Et de pleurer aussi, je ne savais pas. J’avais surtout envie de fumer une clope.
- Je vous laisse…



2 commentaires:

Amiral Potiron a dit…

En quelle année, l'étudiante?
Il faut toujours une gourgandine pour l'ouvrir sur Céline... Du même tonneau j'ai eu le droit à "Céline après ce qu'il a fait, je peux pas ouvrir un seul de ses livres"...la musique est connue.

schock a dit…

Connue mais éternellement pénible...

l'étudiante doit être en seconde année. Mais elle m'a plutôt amusé puis touché - par sa naïveté. L'autre m'a franchement gonflé. Je lisais dans ses yeux : " c'est pas bien ce que tu fais "